mardi 30 janvier 2018

Bra väg !



« Le fondateur du géant de l'ameublement suédois IKEA, Ingvar Kamprad, est mort samedi. Fils de paysan devenu multimilliardaire, il laisse derrière lui un empire colossal et un parfum de scandale avec un goût prononcé pour l'optimisation fiscale.... »

(France 24, 29/01/18)

Terminus

Dans le RER de 7h23, lundi matin (détail)

« De même que l'enfant n'a été longtemps à leurs yeux qu'un brouillon de l'adulte, ils ont appelé "paléolithique" ou période de la pierre ancienne un moment de l'évolution humaine - quelque quarante à cinquante mille ans - auquel ils n'accordaient d'autre qualité que d'acheminer vers l'ère moderne de la pierre nouvelle ou "néolithique". Et de parler de religion paléolithique comme s'il existait, inhérente à la nature humaine, une croyance aux fantômes célestes qui dût progresser pour s'élever un jour à la perfection chrétienne, musulmane, bouddhiste ou juive. C'était confondre grossièrement nomades en liberté et esclaves d'un lopin de terre, cherchant dans la tyrannie spirituelle des cieux une consolation à la tyrannie matérielle de leurs semblables. N'est-ce pas en effet de l'agriculture et du commerce instaurés par la "révolution néolithique" que surgit la vermine des rois et des prêtres ? N'est-ce pas de ce temps que la terre dépouillée de sa substance charnelle se sublimise en une déesse mère que viole et ensemence, par le travail des hommes, Ouranos, seigneur céleste, mâle et ubéreux ?
Il n'y a pas, à proprement parler, de religion avant la révolution néolithique mais il existe, au sens originel du terme, une relation unitaire entre toutes les manifestations de la vie, une compréhension analogique omniprésente, une identité du microcosme et du macrocosme, de ce qui est en haut et de ce qui est en bas, de ce qui est intérieur et de ce qui est extérieur. La séparation d'avec soi et les autres n'a pas encore déchiré la pensée et le vivant en une souffreteuse dualité. L'enfant n'a d'autre ciel que le ventre de sa mère, l'être naturel ne connaît d'autre réalité que la nature. Les cornes de la grande génisse de Lascaux dessinent les différentes phases de la lune. Elles signifient que la terre porte le mouvement des cieux avec autant de sollicitude qu'elle berce le rythme des saisons. Pourquoi refuser aux population errantes du paléolithique la conscience d'une terre vivante et féconde où, de la naissance à la mort, se fraie l'aventure de la destinée individuelle chaque jour renouvelée ? Est-ce que les héritiers du néolithique ne découvrent pas aujourd'hui, au-delà d'une histoire qui fut moins leur histoire que celle de leur aliénation, le permanent désir de vivre ici, maintenant et pour toujours dans le sein d'une nature enfin restaurée comme nature inséparablement humaine et terrestre ? Ai-je paré de couleurs trop idylliques pour être vraies les âges que condamnèrent aux ténèbres les torchères de la société industrielle ? Ce n'est pourtant pas moi qui les ai célébrées sous les noms d'éden, d'âge d'or, de pays de cocagne, décrits comme des lieux où régnaient l'abondance, la gratuité, l'harmonie entre les êtres et les bêtes. Les responsables d'une vision aussi paradisiaque, ce sont les hommes de l'économie, ceux qui s'enorgueillissent, d'une voix rogue, de leur travail, de leur religion, de leur famille, de leur État, de leur argent, de leurs progrès techniques. »  

(Raoul Vaneigem, Adresse aux vivants sur la mort qui les gouverne et l'opportunité de s'en défaire)

Destrucción del Poder


Se défendre (une philosophie de la violence)


Le grand jeu

                 
Bon. Il va bien falloir que quelqu'un mange son chapeau, là. 
Parce que quasiment coup sur coup : 

1°) l'État turc annonce, fort virilement (le 26 janvier dernier), qu'il entend désormais, après Afrin, pousser ses opérations militaires contre les kurdes et leurs alliés arabes des Forces Démocratiques Syriennes (SDF) jusqu'à leur place forte de Manbij, 100 kilomètres vers l'est, débarrassée de DAESH à l'été 2016. Or, vu comme les sbires islamo-fascistes du sultan Erdogan galèrent déjà à Afrin (où ils n'arrivent pas à avancer d'un pouce, en dépit de toute leur artillerie et des bombardements sauvages de leur aviation), on leur souhaite bien du plaisir pour la suite. 

2°) les Yankees, qui forment et arment la coalition YPG-YPJ-SDF dominée par les kurdes, envoient (deux fois ces trois derniers jours) gentiment se faire foutre les turcs, qui, par la voix du ministre des Affaires étrangères Mevlut Cavusoglu, les sommaient de déguerpir au plus vite de Manbij, où un contingent opérationnel de 2000 soldats américains se trouve stationné. Le colonel Ryan Dillon, d'abord, porte-parole de la coalition anti-DAESH, ouvre le bal, le 27 janvier, annonçant lors d'un entretien (accordé à l'organe de presse Rudaw. net) que non seulement ses boys ne bougeraient pas d'un pouce, mais encore qu'ils continueraient à armer les kurdes, à les épauler dans la lutte contre les djihadistes, qui se poursuit, dans le but de stabiliser la région, etc. Puis, ce n'est rien moins que le général Joseph Votel (voir photo ci-dessus), dirigeant le Commandement central de l'Armée, qui déclare tout de go dans une interview donnée à CNN, ce dimanche 28, qu'un retrait américain de Manbij n'était pour l'heure nullement envisagé.

Difficile, donc, de savoir comment les choses vont tourner. Hypothèse probable : après ces échanges spectaculaires de rodomontades, turcs et ricains devraient s'entendre sur une soi-disant zone de sécurité neutralisée (comprendre : pro-turque) à l'intérieur d'Afrin. Difficile, en effet, pour les deux membres de l'OTAN, d'envisager de se mettre réellement sur la gueule. Troisième hypothèse, plus crédible celle-là : les kurdes ayant (devant l'inertie terrifiée des occidentaux libéraux) relancé en catastrophe le duo de bouchers Poutine-Assad, et leur ayant proposé, contre leur entrée en scène, un accord de livraison territoriale, ceux-ci acceptent (d'autant que la conférence de Sotchi, à laquelle ne participe aucune des parties locales intéressées au conflit : ni les rebelles anti-baasistes ni les kurdes, s'annonce comme un fiasco pour Poutine). Jusque là, il est vrai, l'idée des russes était de laisser tranquillement les pro-turcs de l'ASL (Armée Syrienne Libre, autrement dit : les djihadistes qu'ils se cognaient il y a peu à Idlib) s'user grandement contre les YPG-SDF tout en affaiblissant ceux-ci, ce qui se passe visiblement à Afrin (où les pertes de l'ASL sont énormes, au grand dam des turcs, qui les avaient au reste déjà vus en difficulté contre DAESH au moment de l'opération précédente Bouclier de l'Euphrate). L'échec de Sotchi, combiné à la résistance formidable, et imprévue, des kurdes, pourrait changer la donne du point de vue russe. Ce qui expliquerait, en retour, le surcroît de vigueur soudain des yankees, et leurs protestations réitérées de fidélité (ben, voyons !) à leurs chers alliés kurdes. Une seule certitude, donc : la résistance acharnée de ces derniers, et dernières (YPJ), apparaît bien comme le paramètre décisif. Sur le web erdoganiste, dans les communiqués des agences de presse occidentales d'ordinaire complètement à la botte du néo-sultan islamiste (comme Reuters, en particulier, qui relaie avec candeur ses body counts fantaisistes) et jusque sur les sites Loups Gris les plus fanatiques, le ton triomphal des débuts de l'offensive commence déjà à changer, à se faire modeste, à anticiper - sinon une cuisante humiliation - du moins un enlisement possible, face auquel faire bonne figure. 
                                                                               

lundi 29 janvier 2018

Lettre d'un combattant internationaliste du Rojava

Lettre d’un combattant internationaliste 
se rendant à Afrin pour participer à la résistance 
(trouvé sur le site ROJINFO)

Après 13 mois au Rojava, alors que je pensais rentrer en Mars ou Avril et ne plus retourner au front d’ici là, la situation me conduit de fait à changer de décision.

Demain je pars pour Efrin, qui comme vous le savez est attaquée par l’État turc. L’invasion du canton d’Efrin par la Turquie et la résistance kurde qui s’y déploie symbolisent une nouvelle bataille contre le fascisme.
Tous nos camarades des YPG/YPJ, du PKK et des partis révolutionnaires turcs s’accordent à dire que ce sera le front le plus difficile qu’on ait jamais vu au Rojava, mais qu’il s’agira également du plus politique. Une guerre de haute intensité militaire et politique, voilà ce qu’est Efrin.
Combattre la deuxième plus grande armée de l’OTAN implique également une nouvelle forme de guerre, une forme de guérilla semi-rurale et semi-urbaine, bien différente du conflit contre DAESH.
Mais il va nous falloir aussi affronter les groupes islamistes du Nord syrien type Al-Nosra/Al-Sham, et la fraction pro-turque de la FSA (Armée Syrienne Libre) qui n’est rien d’autre qu’un gang armé réactionnaire.

Nous sommes plusieurs dizaines d’internationaux (comprendre occidentaux, les kurdes ne considérant pas leurs camarades turcs comme internationaux) à partir là-bas, et c’est sans surprise que nous ne soyons presque que des “politiques” (révolutionnaires).

Cette fois nous partirons en tant que membres des partis turcs, principalement DKP/BÖG et TKPML/TIKKO, et viennent également avec nous le MLSPB, le MKP, le TKPL. Le MLKP ne se joindra pas à nous, pas dans l’immédiat en tous cas (et l’on ne s’en plaindra pas).

L’International Freedom Battalion demeure pour l’instant à Rakka, où l’État Islamique continue de mener quelques attaques éclairs, se cachant parmi les civils qui tentent de reconstruire leur ville. Au Sud, vers Deir-Ez-Zor, les YPG/YPJ/SDF continuent de prendre des villages à l’EI.

Le Rojava, et surtout les rojavi, sont sous le coup d’une attaque massive, et doivent se battre sur plusieurs fronts. L’extrême-gauche européenne, dans sa couardise habituelle, apporte un soutien de forme plus que de fond.
Notre départ est donc aussi un appel à la solidarité.
Nous attendons de nos camarades à travers le monde qu’ils et qu’elles partagent des nouvelles sur la situation au Kurdistan. Qu’ils et qu’elles trouvent des fonds pour les organisations investies au Rojava.
Sans argent nous ne pourrons pas nous battre efficacement.

La guerre nous épuise tous, nous vide d’une certaine substance vitale qui pourrait bien être l’innocence, mais la guerre est aussi l’affirmation d’une irrémédiable confrontation politique, elle est l’irréversibilité d’une situation qui fut et qui ne sera plus.
C’est pourquoi il faut ici y voir une possibilité. Celle d’arrêter l’ennemi fasciste d’abord, de l’affronter ensuite, et de le repousser après; d’écarter la confusion pour pousser les gens à prendre parti.
Parce qu’il faut à présent prendre parti, faire un choix simple entre liberté et barbarie, fascisme ou révolution.
La neutralité n’est pas permise, et l’indifférence est un crime.

Dans les collines et les oliveraies d’Efrin, des gens se battent. Ils sont apoistes, communistes, anarchistes, démocrates radicaux ou simplement antifascistes. Ils sont des nôtres. Ne les oubliez pas.

(Serhat Tiqqun)




dimanche 28 janvier 2018

Philosophie


« La philosophie est à l'étude du monde réel ce que l'onanisme est à l'amour sexuel.»
(Marx, L'idéologie allemande)

« (...) mais la théorie se change, elle aussi, en force matérielle, dès qu'elle pénètre les masses. »
(Marx, Contribution à la critique de la Philosophie du droit de Hegel)



Par bonheur

« Par bonheur, nous autres Allemands 
ne sommes pas des Scythes. »

(Karl Marx, Contribution à la critique de La philosophie du droit de Hegel

samedi 27 janvier 2018

En mixité (généralisée)


mercredi 24 janvier 2018

Sans modération

Les mains en l'air, ordure.

M. Erdogan se définit politiquement, selon les termes spectaculaires en vigueur, comme un islamiste modéré. Notre opinion, déjà ancienne, est qu'il n'y a pas d'islamistes modérés : qu'il serait tout aussi absurde de croire en un islamisme modéré que, par exemple, en un fascisme modéré. Islamisme et fascisme, quelque maquillage de justice ou de liberté qu'ils soient susceptibles d'arborer pour séduire les pauvres, portent toujours en eux le même projet substantiel de domination totale (moeurs, vie quotidienne, vie soi-disant économique) exercée sur une société où la division en classes sociales hiérarchisées n'est jamais sérieusement remise en question. Cela est évidemment connu des non-imbéciles. Mais il y a mieux, ou pire. Nous pensons qu'au plan politique, l'islamisme modéré, idéalement soluble dans l'économie de marché, représente d'un point de vue révolutionnaire un péril bien plus imminent que le djihadisme aigu, condamné - par sa bouffonnerie psychotique improductive même - à la disparition rapide comme force politique positive distincte. En Irak et Syrie, c'est fait. Son petit Califat, en dépit de baroques et sidérantes tueries de masse, se sera donc évanoui en trois misérables années. Mais, à dire les choses franchement, quelles différences réelles établir entre le proto-État de l'État Islamique et ces États bien réels et solides que sont l'Arabie Saoudite, les Émirats Arabes Unis ou le Qatar (ce dernier soutenant bien entendu l'agression turque actuelle dans le Nord-ouest syrien) ? Nous n'en voyons, à vrai dire, que trois : les femmes ont désormais le droit de conduire en Arabie ; il y a un Musée du Louvre à Abu Dhabi ; le Qatar, pour lui, organisera bientôt une coupe du monde de football. Daesh aura, c'est l'évidence, échoué à combiner ces trois trésors scintillants d'universalisme.  

Mais quant au reste, c'est à dire l'essentiel, ces États-là ne sont rien d'autre, en fin de compte, que de vulgaires EI ayant réussi, auprès desquels nos républiques libérales s'affairent et s'empressent, sans phrases : simplement respectueuses, parmi le sacro-saint concert des nations, de leur modèle socio-économique spécifique. Poutine ou les staliniens chinois constituent d'autres exemples, encore, de ces fameuses voies spécifiques, de ces modèles identitaires du capitalisme respectueux de la diversité, comme dirait Mme Rokhaya Diallo. Le point commun apparaissant irrésistiblement entre ces diverses nations (Turquie, Russie, Chine, etc) n'est autre que leur rejet violent de la démocratie a priori (sans entrer dans les détails concrets de la forme ou de la structure politique auxquelles ce concept politique renvoie). L'erreur extrêmement fréquente des gauchistes occidentaux est à notre sens de ne pas identifier ce point précis. Cette erreur les condamne à l'incapacité stratégique fondamentale. Pas de démocratie sans socialisme, pas de socialisme sans démocratie, disait jadis Rosa Luxemburg, à l'encontre du communisme de casernes d'un Lénine. Or, la pseudo-logique gauchiste (au-delà des diverses sectes concernées) d'un ennemi principal contemporain forcément incarné par la démocratie libérale (conçue, abstraitement, comme entité homogène) occulte de très longue date, en France et dans les pays soi-disant avancés de ce genre, la pression totalitaire continue exercée, sous des formes plus ou moins diffuses, par l'anti-démocratisme islamiste, complotiste, pro-russe, iranien, chinois ou autre. Il ne s'agit nullement, en rappelant ce fait, de s'aligner sur Finkielkraut ou Manuel Valls, ainsi que des crétins cybernétiques décoloniaux ne manqueront certainement pas de nous en faire énièmement le reproche. Il s'agit juste d'être stratège, c'est-à-dire de survivre, d'abord, puis de faire progresser la vie dépassant la survie, c'est-à-dire, enfin : des perspectives finales (au sens d'un but tendanciel à atteindre) d'émancipation. Bref, de dépasser le seul quotidien et de penser aussi à la situation et la physionomie sociale de la France - puisque nous sommes d'ici - dans les vingt, trente ou cinquante années qui viennent. Les kurdes des FDS et YPG/YPJ parviennent à être stratèges, autrement dit utopistes, dans des conditions présentes ô combien plus difficiles : lâchés ou attaqués qu'ils se retrouvent désormais par toutes les crapules antidémocratiques de fait coalisées contre cette expérience politique originale, imparfaite, certes, dont ils et elles forment les sujets héroïques. La comparaison avec l'Espagne des années 1936, de ce point de vue, est ainsi absolument valide. Les miliciens d'Aragon croyaient-ils en un intégrisme catholique modéré ? En un fascisme modéré ? De la même manière, il n'est pas davantage aujourd'hui ni d'islamistes modérés, ni, en général, de totalitarisme ou d'autoritarisme politique, quels qu'ils soient, qui soient préférables à la démocratie, même sous sa forme bourgeoise. Cette dernière nous fournit en effet malgré elle - y compris sous état d'urgence anti-terroriste et tout ce que vous voudrez d'autre violence policière (incontestable) - la liberté, néanmoins, minimalement nécessaire aux simples expression, discussion et organisation critiques dirigées contre le monde formant son infrastructure. Parlez-en à l'occasion, si vous le pouvez un jour, à des emprisonné.e.s d'Istanbul de ces temps-ci. Il ne peut y avoir de sortie de la démocratie bourgeoise, de la démocratie fausse, que par la démocratie réelle. C'est une de ses formes expérimentales, acculée et menacée de massacre, qui se bat en ce moment au Rojava.  

Et boum le tank turc !


Un petit rameau d'olivier kurde, pour les fascistes islamistes. 
Plaisir d'offrir...

vendredi 19 janvier 2018

Dématérialisation


« Il existe donc, disent-ils, trois éléments : l'un, matériel, qu'ils appellent aussi "de gauche", périra inéluctablement, incapable qu'il est de recevoir aucun souffle d'incorruptibilité ; l'autre, psychique, qu'ils nomment aussi "de droite", tenant le milieu entre le pneumatique et le matériel, ira du côté où il aura penché ; quant à l'élément pneumatique, il a été envoyé afin que, conjoint ici-bas au psychique, il soit "formé", étant instruit en même temps que ce psychique durant son séjour en lui. C'est cet élément pneumatique, prétendent-ils, qui est "le sel" et "la lumière du monde" ».
(Saint Irénée, Traité contre les hérésies)

« Un panier en osier connecté permettra aux fidèles de l’église Saint-François de Molitor, à Paris, de faire des dons avec leur carte bancaire. »
(Le Monde, 18/01/18)


jeudi 18 janvier 2018

Fragments d'un discours amoureux

Ci-dessus : Rousseau et Chateaubriand (sauce persillée)

« À des idées importantes – que l’on situera, à coup sûr, dans le champ de la politique -, vous avez donné, chose rare, le grain d’une écriture. » 
(Roland Barthes, à BHL, in Les Nouvelles Littéraires
26 mai 1977).

« Une manière d’écrire, de mesurer, de placer les antithèses, d’intervenir dans le texte, où il y a du Rousseau et même du Chateaubriand, cela m’a beaucoup plu. » 
(Roland Barthes, Lettre à Bernard-Henri Lévy, 14 avril 1977).

mercredi 17 janvier 2018

Ébauche d'un dialogue





Du vent !

 

lundi 15 janvier 2018

dimanche 14 janvier 2018

Total respect


Votre devise préférée ?


« Doute de tout » 
(Karl Marx)

Romantisme (1984)

Conscience de classe (à l'ancienne)


Warum Joe

John Brown


vendredi 12 janvier 2018

Démocratie

« Il y aura des blessés des deux côtés, 
voire des morts... »

(un dirigeant de la gendarmerie, au sujet de l'opération imminente contre les zadistes de Notre-dame des Landes, Le Monde, 12 janvier 2018)

Féminisme


« Notre état social ne peut laisser percevoir tout ce qu'il y a de ressources dans les femmes ; il semble qu'elles ne soient destinées qu'à mettre au jour et à allaiter leurs enfants, et cet état de servitude a détruit en elles la faculté de grandes choses.»

(Averroès, Commentaire de La République de Platon)

Universalisme

Averroès (ou Ibn-Rochd de Cordoue) demandant pardon à l'entrée de la mosquée de Fez, vers 1195 (gravure tirée de La vie des savants illustres, de Louis Figuier,1866)

« Nous voudrions qu'Ibn-Roschd eût dit plus clairement qu'il ne l'a fait : L'unité de l'intellect ne signifie pas autre chose que l'universalité des principes de la raison pure et l'unité de constitution psychologique dans toute l'espèce humaine. On ne peut douter cependant que telle ne fût sa pensée, quand on l'entend répéter sans cesse que l'intellect actif ne diffère pas de la connaissance que nous avons de l'univers, que l'immortalité de l'intellect désigne l'immortalité du genre humain, et que si Aristote a dit que l'intellect n'est pas tantôt pensant, tantôt ne pensant pas, cela doit s'entendre de l'espèce, qui ne disparaîtra jamais, et qui sur quelque point de l'univers exerce sans interruption ses facultés intellectuelles. Une humanité vivante et permanente, tel semble donc être le sens de la théorie averroïstique de l'unité de l'intellect. L'immortalité de l'intellect actif n'est ainsi autre chose que la renaissance éternelle de l'humanité, et la perpétuité de la civilisation. La raison est constituée comme quelque chose d'absolu, d'indépendant des individus, comme une partie intégrante de l'univers, et l'humanité, qui n'est que l'acte de cette raison, comme un être nécessaire et éternel. »

(Ernest Renan, Averroès et l'averroïsme)

mercredi 10 janvier 2018

La tribune qui fait scandale !


mardi 9 janvier 2018

Désublimation répressive et libération

                  

Ce beau travail n'a pas pris une ride. Voilà deux ans, qui plus est, interviewée à son sujet par toute une tripotée de pénibles, aussi niaisement libérale qu'évidemment réactionnaire, Ovidie réussit cependant le tour de force de parvenir à émettre quelques idées d'importance notable, en zone télévisuelle. Chapeau. On retrouve la chose ci-dessous.  

                     

A message to you, Keith f *** Barr !


Forgot about all this ? 

See HERE ! and THERE !

You can support them, Vous pouvez soutenir la lutte, by giving, en donnant à la caisse de grève en ligne : https://www.lepotcommun.fr/pot/0snu1eea

Ou par chèque à l’ordre de : CNT-SO du Nettoyage, mention soutien grévistes HEMERA. 4 rue de la Martinique 75018 PARIS.


On avait dit : pas sur le physique !


Les aventures de Nino Ferrer à Sud-éducation 93


Économie


« Nous vous en prions instamment :
Ne trouvez pas naturel ce qui se produit sans cesse !
Qu'en une telle époque de confusion sanglante
De désordre institué, d'arbitraire planifié
D'humanité déshumanisée,
Rien ne soit dit naturel, afin que rien
Ne passe pour immuable. »

(Bertolt Brecht, L'exception et la règle)

« Monsieur Audin est-il là ? »


« La faculté des sciences de Paris a examiné ce matin la thèse de doctorat d'État qu'avait rédigée M. Maurice Audin, professeur à la faculté d'Alger, avant de disparaître dans des circonstances qui autorisent toutes les hypothèses. Après une soutenance symbolique le grade de docteur ès sciences mathématiques a été décerné au disparu (...)

" M. Audin est-il là ? "
- Non, a constaté au début de la séance le président du jury. Dans ces conditions, conformément aux instructions de M. le doyen, la soutenance va avoir lieu. Je donne la parole à M. de Possel, qui a dirigé les travaux de M. Audin. »

(Le Monde, 3/12/1957)


« Tendrement, je pervertis les hommes »

lundi 8 janvier 2018

Decades of the Brain (it worked, apparently)


« Now, therefore, I, George Bush, President of the United States of America, do hereby proclaim the decade beginning January 1., 1990, as the Decade of the Brain. I call upon all public officials and the people of United States to observe that decade with appropriate programs, ceremonies and activities. »

(G. Bush, Proclamation 6158, in Project on the Decade of the Brain, 17.7. 1990)

Keep on knocking

dimanche 7 janvier 2018

T'as compris ce que je t'ai dit (ou il faut que je te répète) ?


« Hablara un día »


« Esta incomprensión, que nos ha producido dolores inmensos, cercó el camino de desdichas, y no solamente veían un peligro en nosotros los fascistas, a los que tratabamos como se merecieron, sino que los que se llaman antifascistas y gritan su antifascismo hasta enroquecer. Este odio que se tejió a nuestro alrededor, dio lugar a choques dolorosos, el mayor de los cuales, por lo canallesco, hace asomar a la boca el asco y llevar las manos a apretar el fusil, tuvo lugar en plena Valencia, al disparar contra nosotros "ciertos antifascistas rojos". Entonces... ¡ bah !... entonces debimos haber acabado con lo que ahora esta haciendo la contrarevolución. 

La Historia que recoge lo bueno y lo malo que los hombres hacen, hablara un día. »

(Protestation devant les libertaires du présent et du futur sur les capitulations de 1937, par un «incontrôlé» de la colonne de fer)

***
« Cette incompréhension, qui nous a causé des peines immenses, a bordé notre chemin de malheurs ; et non seulement les fascistes, que nous traitons comme ils le méritent, ont pu voir en nous un péril, mais aussi bien ceux qui se nomment antifascistes et crient leur antifascisme jusqu'à s'enrouer. Cette haine qui fut construite autour de nous donna lieu à des affrontements douloureux, le pire de tous en ignominie, qui fait monter le dégoût à la bouche et porter la main au fusil, eut lieu en pleine ville de Valence, lorsque ouvrirent le feu sur nous d'"authentiques rouges antifascistes". Alors... bah ! alors il nous faut conclure sur ce que maintenant la contre-révolution est en train de faire.

L'Histoire qui recueille tout le bien et tout le mal que les hommes accomplissent, parlera un jour. »

(Traduction : Alice Becker-Ho et Guy Debord, Champ Libre, 1979)

« Ce monde n'est pas le tien »


Pas mieux.

James Carr dialecticien : de l'identification raciale perçue, au mieux, comme simple rupture INAUGURALE de l'isolement humain.


« Dès qu’il est en prison, les autorités font tout ce qui est en leur pouvoir pour cultiver le côté individualiste et paranoïde du détenu, pour entretenir la rivalité et la suspicion à l’aide de maigres récompenses, en répandant des fausses rumeurs, en enfermant délibérément ensemble les pires ennemis, pour qu’ils puissent respectivement se détruire, etc. La première réaction positive de la population pénitentiaire à cet enfer de haine et d’incertitude avait consisté, pour les détenus, à s’identifier chacun aux représentants de sa race, et à se définir en opposition aux autres races. Ce phénomène avait débuté, dans les prisons de Californie, vers le milieu des années 50, et avait connu son apogée au début des années 60 avec le développement, à l’extérieur, du nationalisme africain et afro-américain. Le nationalisme – formation de larges groupes sur une base raciale – avait tiré le détenu de son isolement le plus fondamental, et inauguré un processus qui lui permettait, pour le moins, de commencer à prendre conscience de ses propres rapports avec le monde extérieur. Ce qui, bien entendu, ouvrait une brèche dans le système de contrôle des autorités, et les avait amenées, tout aussi naturellement, à se rabattre sur leur seconde ligne de défense, le racisme. Toutes leurs petites intrigues et grossières manipulations passèrent du niveau individuel au plan inter-racial, avec un caractère d’autant plus frénétique ou sournois qu’elles craignaient de voir tout contrôle leur échapper. Lorsque les détenus s’étaient mis à combattre ce racisme lui-même, à San Quentin et à Soledad, le système s’était replié sur sa troisième ligne de défense : le cercle vicieux du militantisme et de la répression. Et les détenus, même lorsqu’ils eurent pleinement conscience d’être tous opposés au système, ne pouvaient se situer de façon réaliste par rapport à lui ; plutôt que de reconnaître qu’ils étaient en marge de la société, et d’étudier en termes stratégiques le développement de cette société dans son ensemble, ils se considéraient comme une classe distincte du prolétariat, ou comme son avant-garde, et adoptaient une idéologie de lutte des classes dont le seul terrain était la prison elle-même. Ils prenaient le bras du système pour son coeur. Ils se voyaient, bien sûr, constamment renforcés dans cette fallacieuse prise de conscience par l’attitude de la gauche, son fétichisme romantique du crime, sa dénonciation moralisante du système pénal, sa rhétorique de la guérilla, son culte et son exploitation des détenus martyrs (qui introduisait là l’image humiliante du prisonnier victime, de la même manière que le mouvement pour les droits civiques réduisait à ce rôle de victimes tous les Noirs – image dont ont usé et abusé, depuis trois ans, tous les pamphlétaires du milieu carcéral). L’idéologie de la guérilla réduit toutes les questions révolutionnaires à des problèmes quantitatifs de force militaire. Rien ne saurait être plus désastreux, même dehors. En prison, les résultats sont aussi horribles que déments : la mort de George Jackson et la révolte d’Attica en sont deux exemples évidents. Rien ne saurait plaire davantage aux autorités pénitentiaires les plus réactionnaires qu’un combat au finish. Les quelques militants qui sortent de la prison vivants se font généralement tuer ou arrêter à nouveau au bout de quelques mois. Ils ont été formés, par les gardiens et par la gauche, à s’attendre, à tout moment, à un combat sans merci, qu’il leur arrive, même lorsque la police ne s’en mêle pas, de provoquer volontairement. Chacun de ces militants, naturellement, est suivi à la trace et harcelé ; les flics ont l’impression d’avoir perdu un point, quand un quelconque fauteur de troubles sort de taule, et, s’ils ne vous abattent pas directement, ils vous talonnent jusqu’à ce que vous entriez dans leur jeu et vous liquidiez tout seul. La plupart des militants tombent dans ce piège. Ils demeurent aussi isolés de la société, une fois libres, que lorsqu’ils étaient en taule, et ne fréquentent guère qu’un monde de gendarmes et de voleurs (ou de "révolutionnaires"). »

(James Carr, Crève)


***

Note : un extrait plus ample de ce texte tellement important (et terrifiant) est disponible chez les camarades de Non-Fides : ICI !


Dernier jour

lundi 1 janvier 2018