jeudi 31 mars 2016

Aufklärung

 Un Aufklärer (France, vingtième siècle).

« C'est la destination de la raison humaine que de ne reconnaître aucune limite absolue, et ce n'est que par là qu'elle est raison, et l'homme, un être autonome, libre, raisonnable. Par conséquent, pousser ses recherches dans l'illimité est un droit inaliénable de l'être humain (...)
Or, si le droit inaliénable de pousser l'examen au-delà de ces résultats établis est avéré, alors est en même temps avérée l'inaliénabilité du droit de pousser en commun l'examen au-delà d'eux. Car quiconque a le droit sur le but l'a également sur les moyens, si nul autre droit ne se tient sur son chemin, or l'un des plus excellents moyens pour s'avancer est que d'autres nous donnent des enseignements ; par suite, chacun a le droit inaliénable d'accepter de manière illimitée les enseignements donnés librement. Si l'on ne doit pas supprimer ce droit, il faut alors également que le droit d'autrui à donner ces enseignements soit inaliénable.
La société n'a par conséquent aucunement le droit d'exiger ou d'accepter une telle promesse de cession, car celle-ci contredit un droit inaliénable de l'être humain ; aucun membre n'a le droit de faire une telle promesse, car celle-ci contredit la personnalité d'autrui et la possibilité qu'il puisse agir moralement en général. Chaque être qui la fait agit contrairement au devoir, et dès qu'il le reconnaît ; il est de son devoir de reprendre sa promesse.
Vous vous effrayez de la hardiesse de mes conséquences, vous, les amis et les serviteurs des anciennes ténèbres, car les gens de votre espèce sont faciles à effrayer. Vous espérez qu'au moins je me sois encore réservé un prudent " dans la mesure seulement où..." , que je me sois encore laissé ouverte une petite porte de sortie pour votre serment de religion, pour vos livres symboliques, etc. Et l'aurais-je que je ne voudrais pas vous faire ici le plaisir de l'ouvrir, - justement parce qu'on s'est toujours conduit si convenablement avec vous, que l'on vous a toujours laissés trop marchander, que l'on a toujours évité de toucher aux ulcères qui vous faisaient le plus mal, que l'on vous a lavés de votre noirceur sans vouloir vous mouiller la peau ; c'est pourquoi vous vous êtes faits si bruyants. Il vous faudra dorénavant vous habituer peu à peu à voir la vérité sans voile.»

(Johann Gottlieb Fichte, Revendication de la liberté de penser)


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