dimanche 30 mars 2014

Debriefing


«Dans le processus d’explication se trouve justement beaucoup de satisfaction de soi, parce que la conscience, pour nous exprimer ainsi, y est en colloque immédiat avec soi-même, jouit seulement de soi ; elle semble, à vrai dire, avoir affaire à quelque chose d’autre, mais elle est, en fait, engagée et occupée seulement avec soi-même.»
(Phénoménologie de l'Esprit)

mercredi 26 mars 2014

Fini les PIP, vivent les PAP !


 
Avant

« Comment pouvons-nous désirer embrasser la Femme, ce sac de fiente ? » demandait autrefois avec pertinence Odon, le vénérable abbé de Cluny. Serait-il possible de corriger ce défaut structurel « dans la formation de la première Femme, faite d’une côte courbe », ainsi que le rappelle le clairvoyant Malleus maleficarum de Sprenger ? Grâce aux progrès d’une Science bien comprise, éclairée à la lumière des saintes Écritures, il semble que la réponse à ces questions nous soit désormais accessible.

En 2014, séduire, c’est déjà convaincre ! L’Église de notre temps – bien dans son monde, bien dans son siècle – ne pouvait davantage ignorer cette réalité. Si le message de notre Seigneur est immortel, c’est bel et bien sa modernité attractive que les hommes et les femmes de Dieu portent, infatigables, le devoir d’honorer en répandant sur la Terre sa parole de vie.


                                                             Après

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Godyear®.
Parce que la Loi de Dieu n’attend pas.
Non plus que l’auréole de ses saints.

mardi 25 mars 2014

Coup de pot

Indéracinable en Creuse profonde !
 M. Michel Sapin, réélu dimanche dès le premier tour à Argentronc-sur-Creuse. 
La terre - elle - ne ment pas...

lundi 24 mars 2014

Jaws

 

« Je ne prétends pas que la Joie ne puisse pas s'associer avec la Beauté, mais je dis que la Joie en est un des ornements les plus vulgaires ; - tandis que la Mélancolie en est pour ainsi dire l'illustre compagne, à ce point que je ne conçois guère (mon cerveau serait-il un miroir ensorcelé ?) un type de Beauté où il n'y ait du Malheur.»

(Baudelaire, Fusées, X)



dimanche 23 mars 2014

Commission électorale

Un premier tour en demi-teinte...

samedi 22 mars 2014

Manger bouger

Sans colorant, Sans conservateur, Sans huile de palme ! 
Depuis le 1er janvier 2012, tous les produits Findus sont cuisinés sans colorant, sans conservateur et sans huile de palme. Findus s’engage sur la naturalité de ses produits en portant une attention toute particulière à la composition de ses recettes et à la sélection de ses ingrédients. Depuis 2009, Findus réduit régulièrement les taux de sel et les taux de matières grasses de ses produits et depuis 2010, toutes nos recettes sont sans huile de palme.

           

Aujourd’hui, Findus va plus loin et dès le 1er janvier 2012 tous les produits Findus sont cuisinés sans ajouter aucun conservateur et aucun colorant ! Exit les matières grasses hydrogénées, les exhausteurs de goût, les arômes artificiels ou édulcorants artificiels ! Findus mise sur la naturalité et vous propose des recettes savoureuses, sans ingrédients superflus. C'est ça, l'esprit Findus !

       
           Sortons de notre coquille




mercredi 19 mars 2014

Certitude sensible

« Je me retourne, cette vérité a disparu et sest changée en vérité opposée : lici nest pas un arbre, mais plutôt une maison. (...) Lici indiqué, que je tiens fermement, est un cet ici qui en fait n’est pas cet-ici, mais est un avant et un arrière, un haut et un bas, une droite et une gauche. Le haut est lui-même à son tour une même multiplicité dêtre-autre avec un haut et un bas, etc. L’ici qui devait être indiqué disparaît dans dautres ici. »

(Phénoménologie de lEsprit)

lundi 17 mars 2014

Dialogue au sommet


« Je suis catholique et marxiste.»
(un con)


« Tout ce que je sais, moi, c'est que je ne suis pas marxiste. »
(un Juif)

dimanche 16 mars 2014

Gangsters, malfrats et révolutionnaires (3) Dostoïevski au gnouf

Dostoievski, bagnard russe du temps où les bagnes existaient en Russie.

Fiodor Mikhaïlovitch Dostoïevski tombe au petit matin du 23 avril 1849 pour « activités subversives clandestines ». Il lui est reproché, entre autres ignominies, d’avoir fréquenté à Petersbourg le cercle littéraire et politique de Petrachevski (rencontré par l’écrivain au printemps 1846), et de s’y être prononcé à titre personnel – au cours des « vendredis » de ce groupe – en faveur de réformes modestes touchant la presse, le servage, le Droit civil et pénal. L’engagement de Dostoïevski, comme celui de l’ensemble des Petrachevski bientôt condamnés avec lui, paraît certes bien timide en regard des peines extrêmement lourdes dont l’État, aussitôt, les écrase. Et certains imbéciles démocrates d’aujourd’hui – sans même parler des clowns pro-russes et nostalgiques stalino-tchékistes habituels – ne manqueront point, au rappel de ces événements sinistres, d’en rajouter une louche sur l’horreur décidément incommensurable ! d’un régime tsariste barbare justement balayé, quelques décennies plus tard, par la sublime insurrection de 1917 (ceci quoique les pro-russes actuels éprouvent désormais le plus grand mal qu’on sait à trouver les insurrections sublimes, que ce soit en Ukraine ou ailleurs). Bref, Poutine ne serait pas Nicolas 1er, il en serait même l’exact opposé, et la continuité séculaire assurée en Russie – dans les consciences mêmes, et d’un régime à l’autre – d’une logique autocratique à dominante pénitentiaire serait une pure vue de l’esprit occidentaliste. Peu importe que Herzen (pour nos lecteurs les plus jeunes : un vilain libéral-libertaire de l’époque, à tendance violemment BHListe) ait célébré un jour l’ouvrage du Marquis de Custine (pour nos lectrices les plus innocentes : un ignoble activiste du Mariage pour tous et des lobbys homosexuels français d’autrefois), traitant de ces questions dès la fin des années 1840, comme « le livre le plus intelligent jamais écrit par un étranger sur la Russie ». Et peu importe, bien sûr, plus près de nous, les deux ans de camp de travail infligés (suite, rappelons-le, à leur simple irruption musicale dans une église) aux très couillues Pussy Riot (dérisoirement moquées par les antiféministes crasseux d’aujourd’hui, lesquels sont soit des châtrés soit des fascistes, et le plus souvent les deux) sur ordre d’une crapule mafieuse du KGB prenant directement ses ordres cléricaux quotidiens auprès du répugnant patriarche Kiril.
Bref.
Ce qui nous intéresse ici, c’est le regard particulier jeté par Dostoïevski sur le bagne et ceux qui le peuplent, majoritairement contre leur gré.
Condamné à mort le 16 novembre 1849 avec 20 autres accusés, au terme de son procès, l’écrivain subit d’abord un cruel simulacre d’exécution, le 22 décembre au petit jour, puis est transféré au camp de Omsk, où il arrive le 23 janvier 1850.
Il y passera exactement quatre ans, qui changeront radicalement sa perception des réalités russes, le prisonnier russe incarnant ensuite pour Dostoïevski une sorte de raccourci symbolique privilégié de l’âme russe elle-même. Sa religiosité congénitale, sa violence anomique décomplexée, sa tendance égale à l’excès et à la soumission, son respect sans question de l’autorité de caste, mêlé cependant d’un ressentiment, d’une haine viscérale et inextinguible des riches : tout cela résume la Russie aux yeux de Dostoïevski, lequel bascule d’un même mouvement, après cette expérience carcérale, dans le christianisme messianique, le panslavisme et, conséquemment, la détestation systématique de l’Occident (de la France en particulier, alors qu’avant son emprisonnement, Dostoïevski était autant francophile que francophone) : un Occident conchiant volontiers, certes, hier autant qu’aujourd’hui, l’épouvantable servilité russe prenant presque valeur de tradition locale.

Ces textes nous parlent aussi d’un certain invariant carcéral : l’opposition, dont on méditera encore et toujours la possible pertinence, entre «politiques» et «droit commun», révoltés et voyous, gangsters et révolutionnaires. La raison en est simple : Dostoïevski eut, au bagne, des rapports aussi difficiles avec les uns qu’avec les autres (sa préférence allant néanmoins aux simples délinquants). La taule représente-t-elle un simple résumé de la société de classes, concentrant simplement, accusant les misères objectives de l’extérieur (domination, libéralisme, injustice, ineptie des rapports humains) ? Doit-elle, au contraire, faire l’objet de discours et de pratiques spécifiques, voire spécialisés, et être considérée le creuset fondamental des grandes révoltes prométhéennes de l’avenir, au nom de la détermination, du courage et de la force propres à ceux que ces qualités font inévitablement, partout sur cette planète, jeter au gnouf un jour ou l’autre ?
Il est probable que ces interrogations dureront autant que le gauchisme lui-même, ce dernier étant entendu ici par nous au sens noble (profitez-en ou rassurez-vous, comme vous voudrez : cela ne sera, loin s’en faut, pas toujours le cas) comme un certain besoin d’inquiétude sociale radicale, hautement et parfaitement conscient de lui-même.


Pornographes occidentalistes et féministes pro-sionistes à la solde de la CIA et de la pédophilie organisée du FMI attendant leur juste sort dans un luxueux réduit démocratique du fond de l'Axe du Bien, 2012.
 

« Au bagne, dans le milieu qui l’entourait, il y avait naturellement bien des choses qu’il ne remarquait pas, et d’ailleurs ne voulait pas remarquer. Il vivait pour ainsi dire les yeux baissés : il avait une peine insurmontable et du dégoût à regarder. Mais, finalement, bien des choses l’étonnèrent et, comme malgré lui, il commença à remarquer ce que précédemment il ne soupçonnait même pas. D’une façon générale, ce qui l’étonna le plus, ce fut l’abîme infranchissable, effrayant, qu’il y avait entre lui et tous ces gens. Ils appartenaient, lui semblait-il, eux et lui, à des nations différentes. Ils se regardaient, eux et lui, avec méfiance et inimitié. Il savait les raisons de cette désunion et les comprenait ; mais jamais auparavant il n’aurait admis que ces raisons fussent réellement si profondes et si fortes. Au bagne, il y avait aussi des Polonais, déportés criminels politiques. Ceux-là considéraient purement et simplement tout ce peuple comme des ignorants et des manants et le méprisaient de tout leur haut ; Raskolnikov, lui, ne pouvait juger ainsi : il voyait clairement que ces ignorants étaient sur bien des points infiniment plus sensés que ces mêmes Polonais. Il y avait aussi des Russes qui méprisaient non moins grandement ce peuple, un ancien officier et deux séminaristes : Raskolnikov remarquait clairement leur erreur, à eux aussi.
Lui-même, on ne l’aimait pas ; tout le monde le fuyait. Sur la fin, on commença même à le haïr, et pourquoi ? Il n’en savait rien. On le méprisait, on riait de lui, on riait de son crime, ceux-là mêmes qui étaient infiniment plus criminels que lui.
« Tu es du côté des maîtres ! lui disait-on. Était-ce à toi de lever la hache ? Ce n’est pas l’affaire des maîtres. »
Dans la seconde semaine du grand carême, son tour vint de se préparer à communier avec sa chambrée. Il allait à l’église et priait avec les autres. Pour quelle raison, il ne le savait pas lui-même, mais une dispute se produisit un jour ; tous tombèrent sur lui avec exaspération :
« Tu es un athée ! Tu ne crois pas en Dieu ! lui criait-on. Tu mériterais qu’on te tue. »
Il ne parlait jamais avec eux de Dieu ni de religion, et pourtant ils voulaient le tuer comme impie. Il se taisait et ne leur répliquait rien. Un bagnard se jeta sur lui dans un véritable accès de rage ; Raskolnikov l’attendit calmement et sans ouvrir la bouche. Il ne fronça pas le sourcil, pas un trait de son visage ne bougea. Le soldat de garde put à temps s’interposer entre lui et le meurtrier, autrement le sang aurait coulé. »

(Crime et Châtiment)

Note : le nom de Raskolnikov vient de Raskolnik (« vieux-croyant » : variété d’hérétiques schismatiques russes demeurés fidèles à la « vieille foi », celle d’avant les réformes d’un certain patriarche Nicon (ni très malin, assurément) au milieu du XVIIème siècle. À l’époque de Dostoïevski, la secte comptait encore quelque dix millions d’adeptes, rebelles durement réprimés, fournissant de vastes contingents pénitentiaires. Au chapitre III de ses Souvenirs de la maison des morts, Dostoïevski dresse ainsi le portrait fort élogieux d’un de ces « vieux-croyants » (incendieur d’églises officielles, en l’occurrence) entouré, selon l’écrivain, au bagne, du respect (et de la considération) général. Il est probable qu’il s’en soit souvenu au moment de la rédaction de Crime et Châtiment.

                                                            ***
 

« Dans l’attente du changement de fers, je m’entretins avec Joachim Akimytch de mes premières impressions de bagne.
- Oui, ils n’aiment pas les nobles, remarqua-t-il, surtout les politiques, ils les mangeraient tout vifs, et ça se comprend… D’abord, vous êtes d’autres hommes qui ne leur ressemblent pas, et ensuite eux tous, ils étaient autrefois ou bien serfs, ou bien soldats. Jugez vous-mêmes s’ils peuvent vous aimer. »

(Souvenirs de la maison des morts)

                                                            ***
 

« J’ai toujours été étonné de l’extraordinaire bonhomie, de l’absence de rancune avec laquelle tous ces battus parlaient de la façon dont on les battait, et de ceux qui les battaient. Souvent on ne percevait pas l’ombre de rancune ou de haine dans un récit qui, par moments, me soulevait le cœur ou le faisait battre violemment. Eux, racontaient et riaient comme des enfants (…) Il n’est pas possible, me disais-je parfois, qu’ils se jugent entièrement coupables et dignes du châtiment corporel, surtout quand ils ont péché non pas contre les leurs mais contre des chefs. La plupart ne se reconnaissaient nullement coupables. Je l’ai déjà dit, je n’ai jamais remarqué chez eux de remords, même dans les cas où le crime avait été commis contre leur propre milieu. Des crimes contre les supérieurs, inutile de parler. Il me semblait parfois que, dans ce dernier cas, il y avait de leur part une façon particulière, comment dirai-je ? pratique ou, mieux, pragmatique de voir les choses. Ils prenaient en considération le destin, le caractère inéluctable du fait, et cela non point après réflexion, mais simplement, inconsciemment, comme une espèce de foi.
Le forçat a beau être porté toujours à se sentir dans son droit pour les crimes contre les autorités, de sorte que pour lui il n’y a même pas de problème, il a cependant conscience, pratiquement, que les autorités voient son crime d’un tout autre œil et que, par conséquent, il doit être puni : après quoi on est quitte. La lutte, ici, est réciproque. Le criminel sait, à n’en pas douter, qu’il est acquitté au tribunal de son milieu originel, du simple peuple, lequel, encore une fois il le sait, ne le condamnera jamais entièrement, et la plupart du temps l’acquittera même tout à fait, pourvu que son péché n’ait pas été contre les siens, contre ses frères, contre le simple peuple dont il sort. Sa conscience est tranquille, or sa conscience fait sa force : il n’est pas troublé moralement, et c’est l’essentiel. Il sent, dirait-on, qu’il a sur quoi s’appuyer, et c’est pourquoi il ne hait pas : il accepte ce qui lui est arrivé comme un fait inévitable, qui n’a pas commencé avec lui et ne finira pas avec lui, mais durera encore longtemps au cours d’une lutte instituée une fois pour toutes, passive, mais acharnée. Quel soldat hait personnellement le Turc, quand il fait la guerre ? Pourtant, le Turc l’égorge, le perce de sa baïonnette, tire sur lui. »

(Souvenirs de la maison des morts)

samedi 15 mars 2014

Rappel : pourquoi Le Moine Bleu dit toujours "nous"

 
« Nous sommes nombreux à vivre ici, à l'intérieur du petit cochon... »
(William Peter Blatty, L'exorciste).

jeudi 13 mars 2014

Pauvre diable



«  Le vrai et le faux appartiennent aux pensées déterminées qui dans leur immobilité valent comme des essences indépendantes, dont l'une est là quand l'autre est ici, fixées et isolées, sans communauté mutuelle. On doit soutenir au contraire que la vérité n'est pas une monnaie frappée, toute prête à être dépensée et encaissée. Il y a un faux aussi peu qu'il y a un mal. Certes, le mal et le faux ne sont pas aussi mauvais que le Diable, car, comme Diable, on en fait des sujets particuliers ; comme faux et comme mal, ils sont seulement des universels, mais ils ont pourtant une essentialité propre l'un par rapport à l'autre. »

(Phénoménologie de l’Esprit)

Humour


mardi 11 mars 2014

La Cindy millénariste


lundi 10 mars 2014

En pleine montée

« Il faut dire qu’un séjour continuel dans un État bien organisé a quelque chose d’absolument fantômal ; on ne peut sortir dans la rue, boire un verre d’eau ou monter dans le tram sans toucher aux leviers subtilement équilibrés d’un gigantesque appareil de lois et de relations, les mettre en branle ou se faire maintenir par eux dans la tranquillité de son existence ; on n’en connaît qu’un très petit nombre, ceux qui pénètrent profondément dans l’intérieur et se perdent à l’autre bout dans un réseau dont aucun homme, jamais, n’a débrouillé l’ensemble ; c’est d’ailleurs pourquoi on le nie, comme le citadin nie l’air, affirmant qu’il n’est que du vide ; mais il semble que ce soit justement parce que tout ce que l’on nie, tout ce qui est incolore, inodore, insipide, sans poids et sans moeurs, comme l’eau, l’air, l’espace, l’argent et la fuite du temps, est en réalité l’essentiel que la vie prend ce caractère spectral. »

(Robert Musil, L’homme sans qualités). 
 

dimanche 9 mars 2014

Comme un neuf mars


« La femme recherche l'alliance du diable et, dans les charmes, le moyen de satisfaire sa lubricité vindicative. »
(Sprenger, Le Marteau des Sorcières, 1487).

samedi 8 mars 2014

Journée de la Famme


Mesdames, vous avez vingt-quatre heures...

jeudi 6 mars 2014

Il est très joueur.

                                                                    Photographie : Alain Soral

« – Selon moi, au contraire, dis-je, la roulette n’a été créée que pour les Russes.
Et le Français ayant eu un sourire méprisant à l’égard de cette appréciation, je lui fis remarquer que la vérité était certainement de mon côté car, en disant des Russes qu’ils étaient joueurs, je leur en faisais reproche beaucoup plus que je ne les en louais ; on pouvait donc me croire, moi.
– Sur quoi fondez-vous votre opinion ? demanda le Français.
– Sur le fait que l’aptitude à acquérir des capitaux a fait une entrée historique parmi les vertus et qualités de l’homme civilisé occidental, pour en devenir quasiment l’article essentiel. Or, le Russe non seulement n’est pas capable d’acquérir des capitaux, mais de plus, les dilapide avec une sorte de révoltante légèreté. Il n’en reste pas moins, poursuivis-je, que nous autres Russes avons aussi besoin d’argent ; par conséquent nous sommes bien aise qu’il existe des moyens tels que la roulette, et fort enclins à y recourir puisqu’on peut s’y enrichir et tout d’un coup, en deux heures, sans avoir à peiner. Cela nous séduit fort ; mais, comme nous jouons également avec légèreté, sans nous donner de mal, eh bien, nous perdons !
– Cela est juste, en partie, remarqua le Français avec suffisance.
– Non, c’est injuste, et il est honteux de votre part de parler ainsi de votre patrie, déclara le général sur un ton sévère et sentencieux.
– Permettez, lui rétorquai-je. En fait, voyez-vous, il reste encore à savoir ce qui est le plus abject, de la scandaleuse extravagance russe ou des procédés dont usent les Allemands quand ils accumulent des capitaux grâce à un honnête labeur.
– Quelle idée révoltante ! s’exclama le général.
– C’est bien une idée de Russe ! reprit le Français. »

(Dostoïevski, Le joueur)

mercredi 5 mars 2014

Lemmy du Peuple

 

« Le Peuple a des Amis. Qu’il les garde ! Ils sont généralement dignes de lui. […] Je ne comprends pas qu’on puisse être, à notre époque, l’ami du Peuple. L’abominable et tyrannique soumission populaire a pu avoir, jusqu’ici, des excuses : l’ignorance, l’impossibilité matérielle d’une lutte. Aujourd’hui, le Peuple sait ; il est armé. Il n’a plus d’excuses. Qu’est-ce que c’est que le Peuple ? C’est cette partie de l’espèce humaine qui n’est pas libre, pourrait l’être et ne veut pas l’être ; qui vit opprimée, avec des douleurs imbéciles ; et toujours respectueuses des conventions sociales. C’est la presque totalité des Pauvres, et la presque totalité des Riches. C’est le troupeau des moutons et le troupeau des bergers. C’est la population du Bagne, morte ou vive ; la chiourme, les geôliers, les règlements, les aumôniers, la vermine et les chiens. La majorité des Mains calleuses, des Culs terreux, Bouguereau, Rotschild, le Petit Manteau Bleu, Rocambole, Loubet, Mme Humbert, M. Mirbeau, Marie Fougère, l’archevêque de Paris, Tropmann, Jaurès, les Trois Mousquetaires, Sarah Bernhard sont du Peuple. Ils sont du peuple ainsi que leurs amours.

 

Au-delà du Peuple, il y a les Individus, les Hors-Peuple. Il est inutile, ici, de donner des noms. Ces noms font l’Histoire. Ce sont les noms de tous les êtres qui ont eu la haine de ce qui existait de leur temps, et qui ont agi cette haine d’après leurs tendances ou leurs possibilités, dans quelque direction que ce soit; ce sont les noms de tous ceux qui rejettent le soi-disant contrat social et refusent leur sympathie aussi bien aux lâches qui l’acceptent qu’aux hypocrites qui le discutent. Les Hors-Peuple sont des gens qui reconnaissent qu’aujourd’hui il n’y a plus de dupes ; que les soi-disant victimes du mensonge social savent très bien à quoi s’en tenir sur le mensonge social, et ne l’acceptent comme vérité que par couardise ou intérêt. Les sentiments humains réels ont été tellement faussés par les Amis du Peuple qui, jusqu’ici, ont presque exclusivement exercé le pouvoir, les instincts ont été tellement étouffés, que la Haine est considérée comme un vice horrible, une inavouable passion qui déshonore l’infime minorité qu’elle tourmente encore […]. La caractéristique du Peuple, de ses amis, c’est leur obstination à placer hors d’eux-mêmes, dans des formules creuses ou des rêves, leurs espoirs et les déterminantes de leurs tristes énergies. La caractéristique du Hors-Peuple, en contraste, doit être sa ferme résolution de placer en soi-même ses mobiles et ses désirs. »

(Georges Darien, L’Ennemi du Peuple n°9, 1er-15 décembre 1903)

mardi 4 mars 2014

Futurisme


« Le futurisme est le reflet passif de la machinisation qui décompose et pulvérise la chair vieillissante du monde. Les futuristes chantent la beauté de la machine, sont transportés par ses bruits, sont inspirés par son mouvement. La séduction des moteurs s'est substituée pour eux à la séduction du corps féminin ou des fleurs [...] Ils ne connaissent ni ne veulent connaître d'autres plans de l'être dissimulés derrière les voiles physiques.  »
(Nicolas Berdiaev)

« Une journée sans bain de sang est une journée perdue »

(John Milius)

lundi 3 mars 2014

Ode à Michel Sapin en pentamètres iambiques, avec inversion (à l’anglaise)

Michel Sapin, hyperboloïde.
 Note 1 : D’aucuns nous feront sans doute observer que, dans le cas de M. Sapin, le vers blanc (« blank verse ») se fût révélé le plus indiqué. Refusant cette facilité, nous avons estimé que le système dit du « couplet héroïque » (des vers rimant deux à deux) rehausserait ici l’intérêt du pentamètre iambique, toujours malaisé à apprécier en Français attendu que ce n’est point, quant audit pentamètre, le nombre de syllabes qui fait le pied mais plutôt la succession, à cinq reprises, d’une syllabe atone et d’une autre, accentuée. Le pentamètre iambique est de longue date fort prisé de nos amis anglais, notamment des voyous lettrés, depuis Shakespeare (« A horse, a horse, my Kingdom for a horse ! » - Richard III) jusqu’à Ian « Lemmy » Kilmister (« Wait and see, I’m a real good lover, Can’t judge a book by the cover » - Shine, Motörhead, 1983). Le Français étant traditionnellement reconnu une langue peu, voire pas accentuée, on nous accordera ainsi, par convention expresse, au début de chaque vers, la justice de nos choix et déterminations syllabiques. Ayez confiance. Entrez dans l’espérance.

Note 2 : Il va de soi qu’en dépit du sujet particulier dont il sera ici question, l’inversion dont nous parlions en titre n’est point (encore) celle d’une certaine courbe statistique devenue fort célèbre (et désormais, pour tout dire, attachée pour des siècles et des siècles au seul patronyme de M. Sapin). L’inversion trochaïque qui nous intéresse, variation propre à la versification anglaise, substitue, elle, ponctuellement en début de vers une syllabe accentuée à la syllabe atone, un « iambe » devenant alors « trochée ». Au cas ordinaire : « sa-PIN » succèdera par exemple, ça et là, « MICH-el ».  


ODE À MICHEL SAPIN 

De l’arbre piquant, les mâle et haute ramure
Et résine d’or baignant ton front d’azur,
De l’hivernale saison, les froides tempérances,
Et du sombre Caton, la sage gouvernance,
Du caillou dégarni, la prestance de ton Chef
Et dessous lui – ce Chef ! – une tempête, et la Nef
De l’esprit, par ta guidée conduite,
Vers ce Graal trois fois saint : la fin des déficits,
Et l’envolée des taux : croissance, d’abord,
Produit national brut, encore !
Mais réduction des charges, o vilenie tartare !
Antique scélératesse, diluvienne, barbare…
Moscovici, ton frère, au crâne solidaire,
Tenu au sacerdoce de la finance, austère,
À l’amour des riches tant uniment donné,
Méprisant l’assisté de toute éternité !
Michel, Michel, ô sagace Michel !
Sapin – oui – de Janvier à Noël :
La courbe, jolie, de ton rêve infini :
Ces gueux trimant partout, soumis… Souris !
Vois : elle s’avance, la courbe, vois, là !
Qui baisse, ami, qui s’infléchit déjà !
Tes efforts, tes soucis, ta rude épreuve
S’achève, bientôt, dans la boucle du fleuve
Alphée, rinçant d’Augias l’ordure nombreuse
Et, telle la main d’Hercule généreuse,
La vertu de ton front, noble Hercule
D’aujourd’hui, tout gorgé de calculs,
Donne son congé, tranquille, sûr, certain,
Devant nous, foule de méchants vilains,
Aux chienlits, aux dépenses, aux autres vils frais,
Grevant, hier comme demain, la beauté des budgets.


samedi 1 mars 2014

Génération perdue


« Dans un glorieux triomphe, ils chevauchaient à travers l’Angleterre, fiers et gais, ivres jusqu’à l’intoxication du vin de la désolation.

Sur les champs et les villes, de mer à mer, le cortège passait rapide et libre, déchirant et écrasant jusqu’à ce qu’il arrivât à la ville de Londres.

Et chaque habitant, frappé de panique, sentit son cœur navré de terreur, en entendant le cri de tempête du triomphe de l’Anarchie. »

(Percy Shelley, La mascarade de l’Anarchie).