mercredi 23 octobre 2013

Guy Debord à la BNF (suite logique)


 
 
« L’exposition EUROPUNK redonne un crédit artistique à toute une culture visuelle spécifique qui s’est pourtant bâtie en totale opposition à l’art. » 
(revue Cité musiques n°72)

Il faut toujours prêter la plus grande attention à ce que disent les commissaires d’exposition. La chose peut se révéler profitable, au cas où la compréhension du monde qui vous entoure – ou plus exactement : vous digère – représente à vos yeux un objectif valable. Certaines de ces bonnes natures sont d’une sincérité désarmante. Elles s’y mettent, d’ailleurs, à plusieurs pour vous désarmer d’une manière ou d’une autre, vous dépiter, vous stupéfier, vous détruire l’optimisme à force de coalitions invincibles ne doutant de rien, ou plus grand-chose. Ainsi du commissaire Éric de Chassey, préposé ces temps-ci au punk réfrigéré à la Porte de Pantin, et qui se répand longuement, au sein de l’organe central n°72 de la Cité de la musique, afin de définir culturellement avec faste, documents et même musiciens de soixante piges à l’appui, cette chose que nous considérions, étant plus jeunes, une simple et magnifique saillie sans phrases, n’accusant aucune trace suspecte, ô malheureux ! d’une prétention super-structurelle quelconque. Nous n’y eussions point alors, vous pensez ! mêlé aussi niaisement notre joie enthousiaste. Celle-ci était de révolte, assurément. Elle n’était même que ça. Nous avions autant à découvrir qu’à haïr. En sorte que nous étions, sinon nombreux, du moins quelques-uns à ne nous soucier que très misérablement de la mode des néo-dandys de mes deux frayant avec Vivienne Westwood, ou des ouvrages graphiques de Jamie Reid désormais consacrés. Nous nous extasiions davantage, par exemple – imbéciles – au retour de tel refrain calamiteux de Peter and the test tube babies. Le temps passa. Nous vieillîmes. Les punks ne disaient toujours rien qui fût susceptible de les identifier, d’une bande et d’une tribu à l’autre. Le terme persistait à ne rien signifier. Il eût fallu, pour lui, se montrer tellement plus précis, donc intolérant. Certains punks affirmaient n’être point morts. D’autres proféraient, furieusement, que si tel était bien le cas, quils nétaient en effet point morts, ils méritaient de lêtre, recouverts de leur bêtise et de toutes sortes de tares annexes, par eux si fièrement arborées. Mais les punks sont vivants. Nous sommes en 2013. On les dit, dans les musées, artistes. Notre mal véritable gît dans cette pensée pertinente qui est la nôtre, chaque fois que nous nous estimons confrontés à un monde exclusivement peuplé d’ennemis. 
 

 


1 commentaire:

  1. astérix ou barbarie
    les aventures continuent

    http://cij.valdoise.fr/culture/wp-content/uploads/asterix-bnf-expo.jpg

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