jeudi 31 mai 2012

La dupe du Marché

« Plus scélérate, plus vile que la noblesse dépouillée et que le clergé déchu, la bourgeoisie leur empruntait leur ostentation frivole, leur jactance caduque, qu'elle dégradait par son manque de savoir-vivre, leur volait leurs défauts qu'elle convertissait en d'hypocrites vices ; et, autoritaire et sournoise, basse et couarde, elle mitraillait sans pitié son éternelle et nécessaire dupe, la populace, qu'elle avait elle-même démuselée et apostée pour sauter à la gorge des vieilles castes !



Maintenant, c'était un fait acquis. Une fois sa besogne terminée, la plèbe avait été, par mesure d'hygiène, saignée à blanc ; le bourgeois, rassuré, trônait, jovial, de par la force de son argent et la contagion de sa sottise. Le résultat de son avènement avait été l'écrasement de toute intelligence, la négation de toute probité, la mort de tout art et, en effet, les artistes avilis s'étaient agenouillés, et ils mangeaient, ardemment, de baisers les pieds fétides des hauts maquignons et des bas satrapes dont les aumônes les faisaient vivre.»

Huysmans, À rebours

mercredi 30 mai 2012

Flic de Paris

jeudi 24 mai 2012

Communication importante


À présent que nos soeurs des PUSSY RIOT ont été renvoyées dans leur geôle au moins jusqu'au 24 juin prochain, maintenant que s'achève la sinistre farce du procès parisien d' «anarcho-autonomes» coupables, aux yeux des magistrats analphabètes dont dépend leur sort judiciaire, de n'aimer assez bruyamment ni ce monde ni l'autorité qui le sanctifie, et de leur préférer à tous deux - à tout prendre - les douceurs du sucre en poudre et du curcuma, aujourd'hui qu'il est admis, en Acadie, que la tenue de piquets de grève et l'acte de manifester constituent ensemble des voies de fait terroristes anticonstitutionnelles, le Moine Bleu, versé, comme ses disciples, dans la lecture du mouvement des astres ainsi que des grandes prophéties diversement efficaces, peut bien vous l'avouer ici, depuis le fond de cette caverne à l'entrée discrètement bordée de quartz et de fougères monumentales, où sa mélancolie dérobe ordinairement aux regards blasés du vulgaire les lueurs les plus terribles de ses ultimes ruminations...
Le secret est celui-ci.
Le désespoir, légitime, ne change rien à l'affaire.
Les séditieux, seuls, sont aimables.
Le Monde leur est donc promis.


mercredi 23 mai 2012

Globalement positif


« Pour Yannick Danio, du syndicat majoritaire Unité police SGP-FO, le nouveau ministre de l'intérieur Manuel Valls présente « le profil qu'il (nous) faut » même s'il attend de lui « des actes concrets dans  les plus bref délais. »


Le Journal du Dimanche, 18 mai 2012.




mardi 22 mai 2012

Light my fire



« Le brasier radieux t'attire vers lui ?
Sens comme s'embrase
aussi
mon sein... »

Richard Wagner, Le crépuscule des dieux

Gute Nacht !

 
Dietrich Fischer-Dieskau (1925-2012)

lundi 21 mai 2012

Rappel

Paris, mai 1871

« Vous mourrez de nos mains, sachez-le, si la chance
Est pour nous. Vous mourrez, suppliants, de nos mains.
La justice le veut d'abord, puis la vengeance,
Puis le besoin pressant d'opportuns lendemains.

Et la terre, depuis longtemps aride et maigre,
Pendant longtemps boira joyeuse votre sang
Dont la lourde vapeur savoureusement aigre
Montera vers la nue et rougira son flanc,

Et les chiens et les loups et les oiseaux de proie
Feront vos membres nets et fouilleront vos troncs,
Et nous rirons, sans rien qui trouble notre joie,
Car les morts sont bien morts et nous vous l'apprendrons.
»
      
               Paul Verlaine, Les Vaincus


dimanche 20 mai 2012

Murmures de la forêt



« Eve, oh, Eve, qu’est-ce que tu regardes ? »
Je la retournais comme une crêpe, en manière de jeu, en lui attrapant les deux chevilles, ces deux chevilles de gamine, où elle gardait la trace d’un anneau, cercle enchanté de peau claire cousu dans la peau sombre. Je la maintenais, les fesses en l’air, elle faisait la brouette un moment, puis, aussitôt lassée, se libérait en agitant les jambes, faisait voler le sable autour d’elle, et se retournait, offrant ses cuisses, son ventre plat, où la cicatrice de l’appendicite s’enroulait à l’aine comme une fermeture Eclair, que je rêvais parfois d’ouvrir pour lui caresser l’intérieur ; un intérieur de boyaux blancs et nets, d’organes bourrés de vitalité, craquant de jeunesse.
Suivant les cuisses fuselées, ma main droite s’attardait à l’entrée de cet intérieur ; elle fermait les genoux, emprisonnant mes doigts. Un peu de sève coulait entre ses jambes. A quatre pattes, écartant le sable, je léchais les lèvres duveteuses. Eve était presque imberbe ; et elle ouvrait enfin largement les jambes en soupirant, offrant sa chatte à la chaude lumière du soleil, qui baissait juste en face d’elle, sur la mer. Un frisson, une contraction, la prenait alors, parce qu’un oiseau, là-bas, avait parcouru le sable de son ombre, ou que quelqu’un, peut-être, regardait depuis les dunes couronnées de genêts en fleur. Et puis elle se laissait aller en arrière, et ses cheveux, moisson permanente de fils châtains aussi minces que les fils de la Vierge, s’étalaient en corolle sur le sable blanc.
Une cétoine dorée, somptueuse pierrerie vivante à la cuirasse verte étincelante, lui courait sur le bras. Elle la laissait faire en riant, chatouillée par les pattes minuscules à la saignée, là où le fin réseau des veines, à l’abri du soleil, parcourait sa peau olivâtre.
Eve. Ses lèvres, son nez, ses seins eux-mêmes ont la forme de son nom. Tout s’y retrousse ; leur ligne supérieure, quand on les regarde de profil (celle des seins, surtout), s’incurve vers le haut, comme si le bouton, le bourgeon presque noir, dont l’aréole paraît un savant maquillage, était un pic dressé contre l’âge, contre la pesanteur, une protestation érigée contre la laideur du vieillissement. J’ai lu dans Clément d’Alexandrie que les seins s’affaissent, au premier enfant, pour se mettre à la portée du nourrisson.
Elle se décidait parfois à retirer le casque de son walkman. J’oubliais aisément la présence de cet instrument ; elle passait sa vie avec, au début ; elle préférait écouter de la musique que des gens.
« Qu’est-ce que tu écoutes ?
- Les murmures de la forêt, dans Siegfried… »

Guy Hocquenghem, Eve.



samedi 12 mai 2012

La terre est bleue comme ORANGE (dans ta gueule)

« Les catholiques croient au sport, lieu du dépassement de soi dans le respect d'autrui ! »
Mgr Podvin (!), porte-parole de la conférence des évêques de France, 25 juin 2010.



« Je crois fermement que le sport est le moyen le plus sûr de produire une génération d'infirmes et de crétins malfaisants. »
Léon Bloy, L'Invendable, 9 août 1907.


Une ténébreuse affaire

« Olive, une femme bien connue dans le monde de la prostitution, s’est transformée en un homme au cours d’une séance de délivrance dans une église située à Nzeng-Ayong. Après avoir accepté de recevoir le Seigneur Jésus-Christ comme Sauveur et Seigneur, elle décida de suivre une cure de délivrance. Celle que tous les fidèles présents croyaient être une femme s’est brusquement transformée en homme, au grand étonnement des fidèles présents, à la suite d’une révélation prophétique d’une servante de l’église. »

Infos-Gabon, Libreville, 30 avril 2012



Du beau et de l'agréable


« Chacun appelle agréable ce qui lui fait plaisir et beau ce qui lui plaît simplement. » 


Emmanuel Kant, Critique de la faculté de juger




jeudi 10 mai 2012

Quelques conseils de plomberie

« Pour désengorger un siphon, la ventouse (Fig.1) doit être préférée à tout autre système, car elle ne cause pas d'avarie. 
Fig. 1
On l'utilisera en aspiration : on commence par remplir d'eau la cuve de l'appareil, puis on soulève brusquement la ventouse après l'avoir comprimée doucement mais fortement. Il ne faut pas chercher à chasser les objets qui obstruent le passage, mais à les extraire par la bonde (ce sont en général des bouchons de cheveux dans les appareils sanitaires et des débris d'aliments dans l'évier). Pour les cuvettes de w-c, on utilise également la ventouse, mais par expulsion (Fig.2).

Fig.2
Toutefois, s'il s'agit d'un objet de dimensions supérieures (Fig.3) au diamètre du siphon, on s'efforcera de l'extraire. 

Fig.3
 
On aura alors recours au furet (Fig.4), outil métallique qu'il convient de manier avec prudence, sans jamais forcer, et qui ne sera utilisé que dans ces cas extrêmes, lorsque la ventouse ne sera plus efficace. » (Manuel complet du bricolage, Sélection du Reader's Digest.)

Fig.4








mardi 8 mai 2012

Petite leçon d'entomologie austéritaire

« À ces fourmis belliqueuses, il convient, dans un dernier paragraphe, de joindre les grandes et redoutables fourmis Visiteuses ou Chasseresses de l'Afrique du Sud, de la Guyane, du Mexique et du Brésil : les Dorylini, les Ecitini et les Leptanillini.

Elles ne font pas la guerre à proprement parler, parce que rien ne leur résiste et qu'elles ne rencontrent jamais, pas plus que la tornade ou le typhon, un adversaire qui ose leur barrer la route. 

Les Dorylines Anomma d'Afrique, assez récemment observées par J. Vösseler, sont, comme les Ecitini ou Ecitons Hamatum, étudiées par Hetschako, W. Muller, Bates, Belt, Bar, etc, d'énormes fourmis aveugles, exclusivement carnivores, n'ayant d'autre industrie que le massacre et le pillage,

ne fondant pas de villes mais jalonnant leurs routes de camps ou plutôt de bivouacs, forcément nomades, parce qu'elles dévastent rapidement et complètement les lieux où elles s'arrêtent.
 

Elles organisent militairement, méthodiquement leurs expéditions prédatrices, se font précéder de quelques éclaireurs,
 

mais bientôt, impatientes de pillage et de carnage, surgissent à flots de toutes les crevasses et inondent la plaine ou la jungle. 
 

Marchant au pas de charge, elles serrent leurs rangs entre deux haies d'officiers à grosse tête et à mandibules crochues qui les protègent, les dirigent, les surveillent et, à la moindre alerte, fondent sur l'ennemi.
 

Afin que rien ne leur échappe, elles envoient à droite et à gauche des détachements de fourrageurs. 

Les mouvements de ces masses qui représentent dans le monde des insectes le cataclysme que serait dans le monde des quadrupèdes sans défense le déchaînement d'une horde de plus de deux millions de loups (car c'est à ce chiffre que s'élèvent les estimations les plus modérées) sèment partout une panique indicible que précèdent souvent des vols d'oiseaux.


Tout ce qui n'a pu fuir est instantanément massacré. La proie trop lourde est dépecée sur place et les morceaux sont portés à l'entrepôt général. S'il y a sur leur route un poulailler (...) elles n'en laissent que des os.  


Après le passage des Dorylines, comme après le passage de leurs soeurs américaines les Ecitons, on ne trouve plus un être vivant. Quand elles prennent d'assaut un village, elles y dévorent tout ce qui remue, mais en revanche l'assainissent à fond : il n'y reste plus trace de vermine,  
 

 
et les habitants, qui d'abord avaient déguerpi, finissent par reconnaître que leur malheur a des compensations qui ne sont pas négligeables. »




Maurice Maeterlinck, La vie des fourmis.



mercredi 2 mai 2012

Waldgänger


« 
Le scrutin, tel que nous l
avons contemplé, sest changé en un contact dautomates, réglé par un organisateur unique. Lindividu peut être contraint dy prendre part, et le sera. Il faut seulement quil connaisse légal néant de toutes les cases quon lui permet doccuper sur cet échiquier. Peu importe que le gibier coure ici ou là, du moment quil reste entre les toiles des rabatteurs. Le lieu de la liberté est bien différent de la simple opposition : ce nest pas non plus lun de ceux que lon atteint par la fuite. Nous lavons appelé la forêt. »

Ernst Jünger, Traité du Rebelle





    

Tragédie

« Un policier de 35 ans, qui travaillait en Seine-Saint-Denis, s'est suicidé avec son arme de service, à son domicile dans le Val d'Oise, a-t-on appris mardi de source policière. »

France-Soir, 1er mai 2012